L'intelligence des plantes

摘要

Le xxi~e sièclesera-t-ilcelui du règne végétal? La fascination de nos contemporains pour le monde des plantes va croissant, ouvrant des questionnements vertigineux. Le 5 avril, des citoyens ont ainsi lu une Déclaration des droits des arbres, à l'Assemblée nationale. Le 29 mai, l'Inra (Institut de la recherche agronomique) organise une conférence sur «Le comportement végétal et les controverses sur l'intelligence des plantes». Et en juillet, la Fondation Cartier pour l'art contemporain ouvrira l'exposition Nous les arbres, sur ces «personnages vivants méconnus». Dans le monde entier, on s'arrache La Vie secrète des arbres (Les Arènes, 2017), de l'ingénieur forestier allemand Peter Wohlleben (voir Pour en savoir plus, p. 43) ou L'Intelligence des plantes (Albin Michel, 2018), du biologiste italien Ste-fano Mancuso, tandis que les maisons d'édition multiplient les titres à succès sur cette niche. Des citadins prennent désormais des «bains de forêt» (lire S. et A. n° 856, juin 2018) ou «livrent des carrés de jardins fleuris ou potagers sur les toits. Ce n'est pas seulement la fibre des écologistes qui vibre, sur une planète en crise. Biologistes, anthropologues, psychologues, médecins, philosophes, juristes se penchent aujourd'hui plus sérieusement que jamais sur les prouesses (lire p. 39), les bienfaits, les droits des végétaux. Une révolution. En dépit des intuitions du naturaliste anglais Charles Darwin au xix~e siècle, les plantes été dédaignées au profit des animaux, considérées comme des entités passives, immobiles, des automates simplets voire stupides. Les progrès de la biologie végétale, au cours des quinze dernières années, en donnent aujourd'hui une image radicalement différente, voire dérangeante. Car les végétaux perçoivent leur environnement de multiples façons, communiquent tous azimuts, entre eux ou avec les animaux, se défendent, coopèrent, manipulent, usent de stratégies complexes (lire pp. 39-43) et survivent à tout, ou presque. C'est avec une sorte d'émerveillement que l'on voit se dessiner une intelligence du troisième type chez «ces êtres vivants qui représentent une altérité absolue [...] une forme de vie totalement autre, extraterrestre», comme le dit le botaniste Francis Hallé (lire S. et A. hors série n° 189).