Le retable d'Issenheim reprend sa cure de jouvence

摘要

Dans la chapelle d'un ancien couvent dominicain, devenu le musée Unterlinden de Colmar, Anne Gérard-Mendelé, restauratrice, manie délicatement un fin pinceau sur la statue en bois peint de saint Augustin, sortie de son cadre. Par petites touches, elle insère un adhésif entre le bois et la couche de peinture pour stopper le processus de dégradation et consolider les parties fragilisées par le temps: une colle à base d'esturgeon, naturelle, transparente, dissoute dans de l'eau chaude, puis refiltrée. L'opération — une fois n'est pas coutume — se déroule sous les yeux des visiteurs du musée qui suivent avec intérêt les gestes précis de l'experte et la pressent de question. Il faut dire que l'opération est placée sous haute surveillance. Interrompue durant sept ans à la suite d'une polémique, la restauration du retable d'Issenheim, chef-d'œuvre du gothique tardif du XVI~e siècle mondialement célèbre qui attire 150000 admirateurs chaque année, vient en effet de reprendre. Elle mobilisera deux équipes de restaurateurs, soit une vingtaine d'experts, durant trois ans, pour un coût total estimé à 1,2 million d'euros, pris en charge par l'État, la Société Schongauer (une association de bénévoles en charge du musée) et des mécènes. Une campagne de financement participatif a également été lancée sur Internet avec pour objectif de récolter 120000 euros~*.