En gare de Saintes, une sculpture qui intrigue

摘要

Voici plusieurs années, Jean Ipoustéguy, célèbre sculpteur français, a fait don d'une de ses œuvres à la gare SNCF de Saintes (Charente-Maritime). La sculpture, intitulée « Conception ou la maison de Lénine» (car imaginée en 1970, année du centième anniversaire de la naissance de celui-ci) a alors été installée dans la salle d'attente. Sculptée directement à Carrare en Italie dans le marbre, un matériau utilisé «pur l'infime opalescence qui retient sa surface » selon l'artiste, et déposée sur un socle en inox, cette Conception («un thème éternel»), est née d'un épisode de la vie du sculpteur. Le 13 août 1944, alors que Jean Ipoustéguy repeint les panneaux horaires dans le hall de la gare de Saintes, les axions alliés entament le plus violent des bombardements que ce nœud ferroviaire ait eu à subir. Dans sa fuite éperdue, le jeune homme longe un blockhaus situé face à la gare. En une fraction de seconde, une bombe éclate et, sans s'y attendre, Jean Ipoustéguy est happé par une main inconnue et se retrouve subitement à l'intérieur. «Le blockhaus vibrait, tanguait, tel un navire dans la tempête. Ily avait une dizaine d'occupants et moi... en salopette de peintre, je n'ai jamais su qui m'avait sauvé la vie en me saisissant par le bras. Ensuite, je suis sorti hébété, j'ai enjambé les corps des victimes qui jonchaient le parvis. » Cinquante ans plus tard, il a créé une œuvre pour exprimer sa gratitude. C'est bien une seconde naissance, «une renaissance» précise-t-il, qu'il a voulu représenter: les ouvertures pratiquées dans le marbre sont devenues autant d'alvéoles, «mes mains armées du ciseau se comportant comme des guêpes. Et j'ai sculpté une silhouette foetale au centre d'une cavité».