Trois orfèvres de la lumière sous les projecteurs

摘要

Depuis le début des années 1980, la puissance des lasers ne progressait guère. Car au-delà d'une certaine intensité, le composant optique servant à l'amplification était brûlé. «Gérard Mourou a imaginé une méthode dont il prédisait qu'elle multiplierait l'intensité par mille, raconte Philippe Zeitoun, du Laboratoire d'optique appli-quée de Palaiseau (Essonne). Cela pouvait paraître présomptueux mais avec Donna Strickland, son étudiante en doctorat, ils ont gagné ce facteur mille dès 1985! » Leur méthode — l'amplification par dérive de fréquence (CPA) — crée un véritable tsunami lumineux: en plein océan, les vagues de raz-de-marée possèdent en effet une énergie considérable, mais une très faible puissance puisque au large, elles sont espacées de centaines de kilomètres. A l'approche de la côte, elles sont comprimées par la remontée des fonds et toute leur énergie se concentre sur une distance — et donc une durée — très courte: les vagues de l'arrière rattrapent celles de l'avant et toutes se dressent avec une puissance gigantesque. C'est bien un phénomène similaire qui est en jeu dans la CPA. Dans un premier temps, la durée des impulsions laser est multipliée, par exemple, par un facteur mille, ce qui abaisse d'autant leur puissance et évite que l'amplificateur ne grille. Après amplification, les impulsions sont recompressées sans traverser de matière: elles retrouvent leur durée initiale et atteignent une intensité considérable.