Avec 1,3 milliard de touristes en 2017 selon l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), les experts estiment que le secteur contribue à hauteur de 5% aux émissions de gaz à effet de serre sur la planète. Et avec une prévision de 1,8 milliard de touristes en 2030, ces émissions vont encore progresser, obligeant les professionnels à penser durable et éco-responsable: les tour-opérateurs et les hôteliers se sentent concernés, mais aussi le transport aérien dont l'empreinte carbone est 40 fois supérieure à celle du ferroviaire et qui pourtant, en France, bénéficie d'une exonération de taxes sur le kérosène. Un paradoxe! Au-delà de l'environnement, le défi de demain est aussi d'éviter la saturation de certains sites, et la «tourismo-phobie» qui peut en découler. Déjà, à l'initiative d'associations d'habitants, le réseau SET (villes du sud de l'Europe face au tourisme de masse) vient d'être créé afin de «poser des limites à l'industrie touristique». Il regroupe des villes comme Barcelone, Lisbonne ou Venise. Et partout dans le monde, des quotas fleurissent pour limiter la fréquentation des grands sites, de Machu Picchu (Pérou) au Taj Mahal (Inde). Bientôt, peut-être, le Mont-Saint-Michel... Dans son livre Manuel de l'antitourisme, le sociologue Rodolphe Christin invite ainsi «à retrouver l'essence du voyage: préférer le chemin à la destination, et "disparaître" plutôt qu'apparaître partout». Cette prise de conscience ne signe pas l'arrêt de mort du tourisme, essentiel au développement économique et à la stabilité de nombreux pays. Mais elle invite à explorer de nouvelles voies, ce que les professionnels appellent le slow tourisme — un mode plus durable, plus participatif, fondé sur des destinations «intelligentes». L'initiative de Kappa Club, qui propose à ses clients de sortir de leur hôtel club pour partager un dîner avec l'habitant, en est la parfaite illustration. Encore faut-il que le marketing ne l'emporte pas sur la réalité des offres touristiques...
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