C'était le premier jour du mois de juin 2011 et ma chambre, qui avait été celle de la bonne juste en-dessous de la cuisine de la Maison de Verre, était maintenant prête. Mon lit une place avait été mis dans le coin opposé et j'avais installé mon bureau et mes étagères près de la fenêtre, avec vue sur la cour que la bonne n'avait eu de cesse de regarder, comme je me plaisais à l'imaginer. La chambre correspondait à l'idée que je m'en étais faite, mon ermitage personnel, qui allait désormais être ma maison pour les trois années à venir. Ce que j'ai vécu cette première nuit sera gravé à tout jamais dans les souvenirs de mon séjour à la Maison de Verre, qui, sans que je le sache à ce moment, allait ouvrir la voie à ma thèse. M'étant réveillée cette nuit pour me soulager, j'avançais à tâtons dans le noir vers la porte, lorsque je l'ouvris, je m'arrêtais net, subitement immergée dans un moment proustien. En sortant de ma chambre et en apercevant la porte des toilettes juste devant moi, ce que je ressentis fut la soudaine impression que j'étais sortie dans la cour car les murs de verre entre les deux pièces qui me protégeaient de l'extérieur avaient complètement disparus sous la lueur de la lune. Je pris alors conscience pendant ce court laps de temps que cette sensation de flottement avait fait remonter un souvenir d'enfance, du temps où je vivais au Zimbabwe, lorsque que nous rendions visite à des amis proches au village et que les toilettes se trouvaient dans un cagibi à l'extérieur. Je compris à cet instant que Pierre Chareau (1883-1950), en concevant cette pièce, s'était sans doute référé à une époque passée où les toilettes extérieures étaient l'usage en France.
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